vendredi 4 février 2011

Nécro, boulot, dodo

Mon petit fiancé déterré, ce soir l'amour est dans le fossé. Nous faussons compagnie aux pierres, ton balbutiement sombre dans la mer, comme jeté du haut d'un précipice par une interminable chute. Je me précipite avec toi loin de ce décors perdu, froid. Ton corbillard d'une nuit nous ramène à bon port chez moi, là où, avant toi, l'amour est mort cent fois. Je dépose sur ton dos, en plus de mes baisers, ma prose amère, déchirée par les vers. Mon poème ton corps. Qu'y a t'il de plus beau que cet amour sans chaleur quand sur ta peau je glisse et que le frisson n'est que terreur? Il me transperce dans la nuit silencieuse, muette, de cette barre glaciale qui gouverne mes esprits. De toi je sais peu ou prou, de ton corps sans fantôme je sais la fin, il dit noyade, suicide, repêché l'autre jour par un bateau, arraché au ventre de ta mère, tel une sirène profanée par le marin. Mon petit fiancé, je tombe d'amour et toi de sommeil, nous nous quitterons bientôt. Je veille. Ton beau séant ouvert, tes yeux clos s'écrasent en dedans. L'étreinte se desserre, l'entente se détériore, il est temps de se taire. Je te ramène à l'oubli, aux fleurs éternellement laides. J'enterre le souvenir, mes yeux sont mouillés.

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