mardi 24 mars 2009

Sur les murs de ma chambre


La nuit, sur les murs de ma chambre, se couchent des corps et des membres, leurs branches envahissent chaque recoin de la pièce, théâtre nocturne, théâtre d'ombres fantasmagorique, juste pour mes yeux insomniaques. Le matin, j’ouvre des paupières éclatées par les rires au dehors et la lumière qui suinte par les fentes de mes vieux rideaux. Je ne me sens plus en paix. Quand la porte s'ouvre, toutes ces senteurs s'engouffrent, café, solitude, désinfectant. Ça imprègne les murs. Tout est trop trop bruyant, saturé en tout. Heureusement aujourd’hui c’est le jour des sorties, je quitte ma chambre et roule sur le chemin jusqu'au parc, je m'arrête toujours dans le coin où l'ombre est la plus grande. De ma cachette, pendant que les autres luisent au soleil, j'observe les passants et le temps passe lui aussi. Une femme s'assoie un moment sur le banc d'à côté, je regarde ses jambes nues, ses yeux fermés par le vent, ses cheveux qui font comme des vagues, brisées par ses doigts sans bague. Je me sens bien et oublie un instant les murs de ma chambre. Mais déjà elle se lève, je suis chacun de ses mouvements et comme sa robe se soulève au rythme de ses talons fuyants. De retour dans ma chambre je ne fais que penser à elle, lui donne un nom, un père, une mère, je sors mon cahier, celui caché sous les draps, et la dessine au milieu des autres inconnus croisés lors de mes précédentes sorties. Je suis heureux d’avoir une nouvelle amie et m'imagine partir en bateau avec elle. Je ne sais pas trop si j'ai le mal de mer, mais ce n'est pas bien grave. Je ferme mon cahier et regarde les aiguilles de l’horloge fendre le vide qui se loge un peu partout autour de moi. L'infirmière rentre alors, interrompant mes histoires fantômes. Je remarque que mon voisin n'est plus là. "Je viens enlever les draps" dit-elle, avant d'ôter tout ce qu'il y avait de lui. Elle sort et j'observe le lit en fer comme retiré de sa peau. Elle revient dans un sursaut et m'allume la télé. Qui veut gagner des millions. Je laisse la télé me prendre. La nuit tombe sur les murs de ma chambre. Toutes sortes de choses commencent à grouiller dessus, ainsi qu'au plafond. Ca arrive parfois, je pense que ce sont de petites fées qui viennent chercher les âmes. D'habitude je dois appeler l'infirmière qui allume pour les faire disparaitre, mais ce soir je me contente de les observer. Dehors il y a du vent et les feuilles sifflent. Je peux sentir l'air sur mes bras, j'aime ce contact, je n'en ai jamais d'autres à part celle des aiguilles, celui ci est beaucoup plus doux. Peut être ma nouvelle amie, quelque part dans la ville, a ouvert sa fenêtre pour sentir l'air sur son visage, et c'est ce même vent qui me caresse. Je ne sais pas pourquoi je ne me suis jamais senti seul, même si je ne sais pas ce que c'est de ne pas l'être.

4 commentaires:

Nicolas Marchant - un vrai semblant a dit…

on trouve plein de gens lumineux, là où l'ombre est la plus grande

vincent a dit…

et inversement!

Anthony MODNIS a dit…

cela fait quelques semaines que je visite ce blog
et il n'y a rien à faire, j'aime
votre talent est fulgurant
belle soirée

a a dit…

i'm not in a condition of reading this, also i can't read french, but this looks like an bored lady with no love.